Retrouvons un nouveau reportage de Renaud!

– La borne en calcaire daté de 1768 située à quelques mètres de l’arbre marquait la frontière entre la Principauté de Liège et la Principauté de Stavelot… Le seul problème est qu’il est impossible qu’elle soit à son emplacement d’origine! La frontière entre les deux principautés passait largement plus à l’Ouest du village comme le montre la Carte Ferraris (1770-1778) ou encore Vandermaelen (1846-1854) (cette frontière, qui marquait la limite entre les communes d’Anthisnes et Taviers, a disparue lors la fusion des communes en 1977). Il ne faut donc pas croire les guides touristiques qui disent que l’arbre servait à marquer la frontière… À noter qu’une borne identique (déplacée elle aussi) se trouve aujourd’hui devant l’Avouerie d’Anthisnes.
– La présence des clous sur le tronc montre la persistance de la tradition des « arbres à clous »: sans entrer dans les détails, cette tradition remonte « à des temps immémoriaux » et consiste à mettre en contact un clou contre une partie du corps affectée par un problème de santé, puis d’aller le clouer dans un arbre pour que le mal y reste accroché et finisse « mangé » par le bois.
J’ai pu remarquer entre mes deux visites que cette tradition est toujours bien vivante sur cet arbre comme sur beaucoup d’autres. En témoigne la présence d’un bavoir et d’un autre sachet plastique relativement récent.
(Il me semble avoir compris dans une précédente publication que cette tradition n’est pas connue partout en France alors qu’elle est encore très présente en Belgique et le long de la frontière. Cela pourrait nécessiter un article spécifique…)
L’arbre est classé comme site depuis le 18 juillet 1966 : la zone protégée forme un cercle de 20m de rayon (on protège donc la zone autour, mais pas l’arbre en tant que tel!).
Il faut toutefois attendre le 7 juillet 1995 pour qu’il devienne arbre remarquable. C’est dans ce cadre-là qu’on apprend qu’en 1993, il mesurait 4m63 et 30m de haut.
Je n’avais malheureusement pas de quoi mesurer le tilleul. Il est toutefois en bon état à l’exception de nombreux guis! Quelques traces d’entretien ancien sont visibles – presque toutes les branches font des « rebons » vers le haut, preuve de tailles anciennes – mais pas de haubans.
En l’absence d’église dans le hameau, l’arbre est un repère dans le paysage (et le restera à priori encore longtemps).