Le long d’un chemin de campagne quittant Bonnerue vers le Sud, impossible de rater « Li Béni Hesse » (« le hêtre béni » en wallon), le plus gros hêtre de Belgique.

Mais avant d’aller plus loin, une précision s’impose: Bonnerue a fait partie de l’ancienne commune de Mabompré, localité connue pour un autre hêtre encore plus gros: « Li crawé Hesse » (« le hêtre tordu » en wallon, parfois mal traduit en « le hêtre isolé ») qui atteignait 8m33 en 1977. Depuis sa mort (peut-être dans les années 1990), le titre de plus gros hêtre de Belgique est donc passé de celui de Mabompré à celui de Bonnerue… soit seulement un peu moins de 4km (d’où un fameux risque de confusion entre les deux arbres).

Au-delà de cette précision, les sources concernant bien Li Béni Hesse sont presque inexistantes et se recoupent rarement: Il est communément admis que l’arbre a été foudroyé (certains y voit l’origine de son caractère creux) et que, lors des enterrements, le convoi funéraire venant de Bonnerue y faisait un arrêt pour bénir le défunt avant de reprendre la route vers Vellereux, le village le plus proche disposant d’un cimetière. Concernant la croix plantée à l’intérieur de l’arbre, les sources avancent qu’elle date « d’avant la Révolution Française » bien qu’aucun élément ne vienne l’étayer. Enfin, il est clair que l’arbre a été taillé en têtard a un moment de son existence.

Par contre, contrairement à ce qui avancé sur certains sites, l’arbre n’est ni classé comme site, ni comme monument: il est simplement classé comme Arbre remarquable. Le site Walonmap nous apprend d’ailleurs que l’arbre mesurait 663cm en 1996 pour 17m de haut et qu’à l’époque déjà il présentait « une branche dépérissant ». Une branche mal en point est en effet visible depuis de nombreuses années du côté Sud de l’arbre.

Pour ce qui est des mesures :

Sans surprise, la disparition d’une partie du tronc fait clairement redescendre la mesure à 1m50: j’ai relevé 715cm (non sans mal vu que l’arbre est adossé à une clôture de barbelé interdisant d’en faire le tour).

Malgré cette disparition partielle, la partie Nord est globalement en pleine santé et vigoureuse (à l’exception d’une grande branche dépérissante partant vers l’Ouest).

Le recordman et doyen des hêtres de Belgique vient donc de subir un gros coup dur mais, sous réserve de l’évolution d’une partie de la ramure ou d’une hypothétique déstabilisation, devrait encore longtemps contempler la vallée du Rau de Mabompré qui s’ouvre vers l’Est…