Ne laissons pas le doute planer trop longtemps avec ce titre (volontairement) accrocheur qui pourrait induire en erreur nos fidèles lecteurs 😉
Petit rappel d’écologie :
Le Baobab pousse naturellement en Afrique : OUI 🙂
Le Baobab pousse naturellement au Maroc : NON 🙁
La question maintenant est de savoir si le Baobab (Andansonia digitata) peut être planté au Maroc ?
La réponse est dans le titre et l’histoire de cette belle rencontre à découvrir en cliquant sur le bouton « Continuer la lecture »…
Pour bien se rendre compte de l’effet de surprise produite par cette découverte inattendue, il faut se remettre dans le contexte du moment :
la visite du Parc des crocodiles d’Agadir, un incontournable de la région.
Enfin pour ce qui me concerne, c’était plutôt une obligation touristique concédée sans enthousiasme aux personnes qui m’accompagnent, dans l’espoir de pouvoir négocier par la suite une virée dans le désert à la recherche des arganiers séculaires.
Pour être honnête, il faut reconnaître que le crocoparc est une installation superbement réalisée, comme c’est souvent le cas avec ces nouvelles attractions touristiques au Maroc.
Mais malgré tous les efforts pour mettre en valeur ces ignobles bêtes préhistoriques, mon émerveillement a été de courte durée… très rapidement, le besoin d’évasion a pris le dessus, comme une nécessité impérative, vitale, pour parvenir à survivre durant plusieurs heures dans cet espace clos envahi de crocodiles.
J’abandonne alors mon groupe discrètement pour m’évader dans les allées sinueuses du jardin exotique. Officiellement, c’est juste par simple curiosité, pour savoir quels beaux arbres méconnus peuvent être plantés sous le soleil d’Agadir.
La suite a pris une tournure totalement inattendue…
Pur hasard ou simple instinct du chasseur d’arbres en terre inconnue, nul ne le sait, mais en moins de cinq minutes, mes radars ont détecté ce que je n’aurai jamais osé imaginer rencontrer : le mythique Baobab !
Seule notre petite confrérie de passionnés arboricoles pourront comprendre l’émotion de la rencontre avec son tout premier Baobab.
Je n’en ai jamais vu auparavant, mais je le reconnais instantanément, il est là, à 10m devant moi. Certes, une version réduite de baobab mais tellement caractéristique qu’il n’y a aucun doute.
L’émotion est intense, je reste pétrifié, hypnotisé comme si j’avais rencontré le dernier Lion de l’Atlas. L’instant parait surréaliste, peut-être une hallucination, toute cette valse de crocodiles me serait montée à la tête ?
A ce moment, un couple de promeneurs me frôle et s’arrête devant la pancarte :
– « Oh regarde, c’est un baobab !
– Ouai… je pensais que c’était plus gros, ça doit être un bébé ».
Un arrêt de moins de 10 secondes avant de les voir disparaître dans une autre allée.
Je sors enfin de ma torpeur, franchi l’interdiction de marcher sur la pelouse et viens toucher mon premier Baobab. Le contact de ma main sur son écorce rugueuse me fait sourire, ce n’est pas une hallucination, j’ai bien rencontré l’arbre mythique de l’Afrique, l’Arbre de vie.
Le temps presse, je m’assure que personne ne m’observe pour sortir le double décamètre de mon sac à dos (NDLR : est-ce que d’autres personnes emportent un décamètre pour visiter un parc à crocodiles ? probablement non 😉 ).
1,76m de circonférence à 1,30m du sol… oui, surement un « bébé baobab » !
Mais tout de même âgé de 80 ans…
L’info sur l’âge du jeune baobab est arrivée dans un second temps.
En fait, ma petite cérémonie de mesure n’est pas passée inaperçue.
L’un des gardiens, bien caché à l’ombre, a repéré mon comportement étrange et s’est immédiatement approché de moi, plus par curiosité que par acquit de conscience.
Alors là, je tiens à avertir mes collègues chasseurs d’arbres : ATTENTION DANGER ! C’est à ce moment qu’il faut être très prudent sur les explications que l’on va donner. J’avais en mémoire la sale histoire de l’an dernier au Jardin Jnan Sbil à Fez, où partant dans mes délires de mesures dendrométriques, le gardien incrédule avait flairé l’embrouille et m’avait emmené direct dans les bureaux de la Direction pour un interrogatoire interminable façon quiproquo à la Pierre Richard.
Cette fois, je fais profil bas, j’endosse le rôle du touriste ravi de trouver un arbre emblématique. La stratégie est la bonne, le gardien apaisé se prend au jeu et avec fierté me raconte l’histoire du bébé baobab.
A la création du parc des crocodiles, l’idée a été d’aménager un somptueux jardin exotique entre les bassins. Eh oui pas bête ! les concepteurs se sont doutés que les visiteurs se lasseraient rapidement des crocos… Toute une palette d’arbres extraordinaires de grandes dimensions ont été sélectionnés, plantés et entretenus avec le plus grand soin.
Ce baobab âgé de 70 ans a été rapporté du Sénégal (Adansonia digitata est l’espèce emblématique du pays) pour être transplanté dans le parc en 2014.
Je fais remarquer à mon gardien préféré que le jeune arbre fleurit déjà et que l’on devine même quelques fructifications. Il m’annonce alors à mi-voix, comme s’il dévoilait un secret à son nouvel ami, que je ne suis pas au bout de mes surprises, un second Baobab se trouve dans le parc. Il est âgé de 90 ans et sa fructification est spectaculaire!
A ce moment de la journée, la visite du crocoparc prend une toute autre tournure 🙂
Je me mets alors à papillonner dans les allées du jardin, allant de surprise en surprise à chaque nouvelle découverte exotique, en retardant exprès l’euphorie de la rencontre avec le second baobab.
C’est finalement au bout d’une heure, et après avoir traversé le parc aux cactus où déambulent en toute liberté d’énormes iguanes (encore plus terrifiants que les crocodiles !) que je découvre mon second Baobab.
Un exemplaire atypique en double pied et comme l’avait promis mon ami le gardien, avec une fructification spectaculaire.
Voilà le récit d’une journée riche en émotions arboricoles !
Il faut reconnaître que dans mes rêves les plus fous, celui de rencontrer un Baobab était dans ma Top liste.
Il reste encore tant de rêves à réaliser comme une visite au pays des séquoias géants, rencontrer les Araucarias de la cordillère des Andes, les Figuiers étrangleurs des temples du Cambodge, les Ginkgos millénaires du Japon et…. les Arganiers du désert marocain !
Dans ce joli jardin exotique créé il y a une dizaine d’années, j’ai été particulièrement séduit par les arbres suivants :
– Les deux Baobabs (Adansonia digitata)
– Un Banian chinois (Ficus retusa)
– Un Arbre aux houppettes (Calliandra eriophylla)
– Une Erythrine caffre (Erythrina caffra)
– Un Belombra (Phytolacca dioica)
– Un Papayer (Carica papaya)
– Un Caoutchouc (Ficus elastica)
– Plusieurs palmiers : Palmier de Bismarck (Bismarckia nobilis), Palmier royal (Roystonea regia), Palmier bouteille (Hyophorbe lagenicaulis)
Que dire, félicitations, bravo ou bien encore il était grand temps !! 😉
Et le tout sans avoir à joué Pierre Richard.
Mon seul contact avec cette espèce fut dans une serre d’un jardin botanique et aussi avec des graines qu’on avait essayé de faire germer.
J’imagine qu’en tant qu’ancien aficionado de plantes succulentes et autres cactées, le baobab a aussi un caractère spécial un peu comme les plantes à caudex.
Au moins on est fixé, l’espèce s’acclimate dans la zone.
Merci Sisley pour ton commentaire. 🙂
En tant qu’habile chasseur d’arbres remarquables, tu comprends bien toute la joie que j’ai pu avoir en découvrant mes premiers baobabs.
Oui, il me semble que le Baobab fait parti des plantes à caudex avec cette particularité en forme de bouteille. Il prend ce caractère assez tardivement, après 80 ans il commence à enfler de la base. Ceux du crocoparc entrent tout juste dans cette nouvelle phase de croissance.
Un autre arbre à bouteille connait un grand succès ces dernières années au Maroc dans les parcs publiques et privés, c’est le Chorisia (surtout speciosa). Ils sont souvent jeunes mais déjà caractéristique et magnifiquement fleuris.
Et dire que j’avais raté cette publication !!!
Où on retrouve le style narratif si accrocheur et rempli d’émotion du Castor Masqué.
J’avoue que les baobabs (tout autant que les crocos 😉 ) ne suscitent pas vraiment un intérêt particulier chez moi (trop exotiques sûrement), mais comme je peux éprouver une telle émotion et m’enthousiasmer devant un arbre « quelconque », je comprends tout à fait ta réaction.
Et prendre la tangente lors de visites touristiques en groupe, ça me connait (enfin connaissait : temps révolu). Et NON je n’ai pas de double décamètre dans mon sac, désolée Castor 😉 juste un indispensable appareil photo !
Merci pour ce bon moment de découverte (en compagnie du Pierre Richard « marocain » 😉 ).
PS : ne (re)viens pas à Nîmes : y’a des crocos partout (c’est l’emblème de la ville) et pas la queue d’un baobab.
Enfin je crois… faut vérifier auprès de Yves Maccagno 😉
Ah oui bien vu Pat’, les crocodiles sont l’emblème de la ville de Nîmes (ceux de la Fontaine de la Place du Marché n’ont mordu personne !), mais pas l’ombre d’un baobab 😉
Pour la petite histoire, les deux crocos du zoo du Parc de la tête d’or à Lyon sont partis en vacances à Agadir à l’ouverture du Parc en 2016. J’ai tenté de les retrouver mais pas facile parmi les 300 crocos du parc. Peut-être qu’ils ont droit à un menu spécifique : Quenelle de brochet à la lyonnaise, à tous les repas 😉
MERCI DE NOUS TENDRON AU COURANT QU IL YA DES BAOBAB AU MAROC