Renaud, notre reporter belge, nous emmène dans un pays jusque là non encore évoqué dans le blog, le Grand-Duché de Luxembourg.
Le Chêne de Hersberg est sans conteste l’arbre remarquable le plus célèbre du Grand-Duché de Luxembourg. Pourtant, arrivé sur place, le plus gros arbre à tronc unique du pays ne jouis clairement pas d’une situation digne de son statut de champion national: située à l’ombre de la Nationale E29 – depuis laquelle il n’est pas visible -, en contrebas de la rue qui relie les villages de Schanz et Hersberg et adossé à un bois, tout concours à le faire passer inaperçu si ce n’est pas précisément lui que l’on cherche!
Cette absence de visibilité est toutefois anecdotique au regard au lien qu’il entretient avec les habitants: le tronc creux abrite une petite statue de « Notre-Dame, Consolatrice des affligés » (dite « Notre-Dame de Luxembourg ») derrière une grille. Sa présence à valu à l’arbre le nom de « Heeschbreger Bildchen », littéralement « image de Hersberg » en luxembourgeois, vu qu’il abrite une « image » pieuse.
L’origine de ce culte dans le chêne reste un mystère. Certains historiens y ont vu une christianisation d’un culte païen mit en relation avec des statues de la fertilité exhumées à 300m de l’arbre. D’autres le rapproche plutôt d’un drame survenu le 30 mai 1731: deux frères sont morts frappés par la foudre sous un chêne à Hertsberg et le troisième qui les accompagnait aurait offert la statue en remerciement pour avoir été protégé (mais rien ne prouve que ce soit ce chêne bien précis).
Toujours est-il que depuis 1936, une pression aux flambeaux allant de l’église au chêne est organisé chaque 15 août et se termine par un sermon en pleine air (ce qui explique probablement le vaste espace engazonné devant l’arbre.
Lors de ma visite, j’ai trouvé un chêne pédonculé en petit forme: la moitié Nord-Est de la charpente n’existe plus et seul un tiers de la charpente restante est couverte de feuille. Le vieux chêne fait clairement un descende de cime et son avenir est désormais incertain.
Mais passé cet première mauvaise impression, un coup d’oeil plus attentif au tronc s’avère plus rassurant: il est sain, pas le moindre champignon et presque aucun morceau de l’écorce ne manque. Les spectaculaires crevasses qui le parcourent trahissent son ancienneté. J’ai pu remarquer sur la face Est la présence de plusieurs trous et d’un clou rouillé: j’ai d’abord pensé qu’ils avaient pu recevoir des ex-votos mais leur présence uniquement sur un seul côté de l’arbre – côté ou passe un sentier – me fait penser aux restes d’un balisage (d’autant que le Luxembourg ne semble pas être une terre d’arbres à clous…). Seul autre élément marquant sur le tronc: une plaque ronde représentant un arbre nous informe – si nous en doutions encore – que l’arbre est classé au patrimoine luxembourgeois.
Continuant mon tour du tronc, quel ne fut pas ma surprise de découvrir une borne électrique collée à l’arrière du monde. Elle est clairement beaucoup trop près et a dû endommager le système racinaire.
Autre surprise de taille: en jetant un coup d’oeil au-dessus de la niche métallique, on peut clairement voir que le tronc est totalement creux. Il doit même être possible de se glisser en dessous pour enter à l’intérieur (mais je ne suis pas assez téméraire pour ça).
Un tirant métallique traverse l’intérieur du tronc mais doit être ancien car je n’en ai pas vu les extrémités à l’extérieur. D’autres tirants relient les branches principales dans la charpente.
Concernant les mesures, j’ai trouvé les mesures suivantes:
1907: 5,74 m*
1958: 6,87 m*
1997: 7,40 m*
Vers 2000: 7,41 m**
2013: 7.47m***
2016: 7.52 m***
2016: 7.52 m***
Personnellement, j’ai eu du mal à mesurer le tronc vu qu’il fallait faire passer mon mètre-ruban à travers la grille. J’ai su mesurer 746cm à 1m50 du sol: je tombe donc en dessous des mesures de 2013. Je pense que c’est la complexité du tronc et la jonglerie au niveau de la grille qui a produit une mesure vraisemblablement erronée.
Les estimations de 300 ans me paraissent un peu faibles: je pencherais plus pour celles de 500 ans.
Comme beaucoup d’autres chênes, l’arbre le plus célèbre du Grand-Duché de Luxembourg tire doucement sa révérence. Quoi qu’il arrive, les promeneurs qui lui rendent visites peuvent continuer le chemin dont il marque l’accès: il conduit, 5km plus loin, au célèbre village de Mullerthal. La « Petite Suisse luxembourgeoise » est en effet un immanquable de toute visite au Grand-Duché…
