Parmi les arbres les plus étranges, le Ginkgo biloba pourrait bien avoir la médaille d’or (et le Wollemia nobilis la médaille d’argent).
Cette espèce préhistorique, apparue 40 millions d’années avant les dinosaures, possède de multiples particularités végétatives et reproductrices. Mais l’une d’entre elles est rarement observée sur nos Ginkgos européens.
Il s’agit de l’apparition des « chichis », d’étranges protubérances ressemblant à des stalactites sur le tronc ou les branches des vieux ginkgos.
Celui des Jardins de l’Europe sur les bords du lac d’Annecy, est absolument remarquable par ce phénomène.
Le terme “chichi icho » ( = chichi Ginkgo) est d’origine japonaise et signifie les mamelles du Ginkgo. Tandis que les chinois appellent ce phénomène « zhong-ru » qui est plus proche du mot stalactite.
Ce phénomène de protubérances est très rarement observé en Europe. Il n’apparaitrait que sur certains Ginkgos âgés de plus de 100 ans. Sur des Ginkgos multicentenaires le phénomène peut être très impressionnant. Quelques photos spectaculaires prises par un hollandais au Japon ici.
Et pour ceux que l’anglais ne fait pas peur, voici des explications sur l’anatomie des chichi (mon niveau d’anglais ne m’a pas permis de tout comprendre…).
Ces chichis peuvent aussi être utilisés pour créer des bonzaïs. Le résultat est étonnant comme le montre ce site spécialisé (ici). On y apprend également que l’utilisation des chichis comme bouture était une pratique ancestrale assez courante pour créer rapidement des bonsaïs.
Si l’apparition des chichis est rare sur les Ginkgos européens, il faut préciser tout de même qu’il existe un cultivar (obtention horticole) « GINKGO BILOBA CHI CHI » avec des feuilles plus petites et dont le tronc produit très tôt ces protubérances si particulières.
Mais revenons à notre splendide « Icho » d’Annecy.
Il est situé sur un axe touristique très fréquenté, à la jonction entre le lac et l’accès à la vieille ville… mais combien de promeneurs auront remarqué ce Ginkgo si particulier ?
Il se trouve en bordure des Jardins de l’Europe. Un joli parc arboré façon arboretum, aménagé en 1863 à la suite de l’annexion du Duché de Savoie (à ce sujet un spectaculaire Séquoia devant la préfecture commémore cet événement). Il reste environ 250 arbres de cet aménagement. On peut estimer l’âge du Ginkgo à 150 ans (plus ou moins 5 ans), bien loin des individus millénaires en Chine et au Japon.
Coordonnées géographiques : N 45,89865° E006,12899° – Altitude 450 m
Les conditions de croissance sont très favorables. Sans atteindre des records, il présente des dimensions tout à fait honorables. Une circonférence à 1,3m du sol de 3,93m et une hauteur mesurée à 24m (Mise à jour des mesures en octobre 2016).
Son état de santé semble excellent. Mais le Ginkgo ne craint pas grand-chose, aucun insecte ou champignons n’osent l’attaquer et même la pollution atmosphérique ne le dérange pas.
En passant fin mai, on peut découvrir les timides fleurs mâles (ou plutôt « cônes polliniques ») qui s’épanouissent à la base des rameaux.
Alors voilà qui ajoute une énigme supplémentaire. Le Ginkgo d’Annecy est un pied mâle… qui a développé de beaux « chichis » ! Est-ce normal dans la famille des Ginkgos? Pieds mâles et pieds femelles porteraient des chichis ? Décidément, la nature est vraiment étrange…
encore une fois bravo pour cet tres interesserant article sur les chichis du gingko. Je n’en avais encore jamais vu. J’irai lui rendre visite cet été.
si tu passes par Annecy, je te recommande de prolonger le bord du lac vers l’Impérial (le parc du grand Hotel-casino) ave des arbres magnifiques, encore plus spectaculaires que dans les Jardins de l’Europe.
Et en quittant Annecy, il faut absolument rendre visite au gros Chêne d’Argonnay, extraordinaire :
http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2014/08/15/gros-chene-st-martin-bellevue-haute-savoie/
Belles visites en perspectives 🙂
Une vraie singularité ces chichi pour un ginkgo européen, remarquable même s’il ne bat pas de records de dimensions.
Au sujet des ginkgo singuliers, a-tu vu celui du jardin des plantes de Paris, qui a une partie mâle et une partie femelle?
J’avais mis une photo dans cet article :
http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2014/09/22/congres-arbres-remarquables-france/#jp-carousel-10680
j’étais passé à Paris à Noël dernier mais en coup de vent je n’ai pas pris le temps de m’arrêter à son pied.
Il parait que c’est une bouture du pied femelle du ginkgo de Montpellier (le 1er introduit en France), mais je n’étais pas au courant de cette particularité… Peut-être une greffe d’un pied mâle plus tard, qui lui donne un côté mâle et un côté femelle ?
Ce serait rigolo si les chichi n’apparaissaient que d’un seul côté…
Joli, de biens beaux chichi, bien plus impressionnants que sur le gigantesque Gingko de Takayama…pourtant vieux de 1200 ans !
PS @ Castor: je suis dans la région de Grenoble jusqu’en fin de semaine, si tu as un moment pour une exploration arboricole, je vais aller mesurer les Redwoods du jardin botanique de l’Université… Ce serait plus drôle à deux !
Le jardin botanique de l’Université ???
Tu veux parler du petit Arboretum Ruffier-Lanche sur la bordure du domaine universitaire côté Gières ?
Je suis « en transit » sur le départ pour quelques jours en Auvergne, je ne serai sur Grenoble qu’en fin de semaine. Avec plaisir si on peut trouver une dispo pour une petite visite arboricole dans le secteur.
Envoie un mail à Yannick par l’intermédiaire de la page contact du blog, il te fera suivre mon mail perso pour que l’on puisse se fixer une date sur Grenoble. A bientôt j’espère 🙂
Aïe, je ne serai disponible que mercredi après-midi et jeudi… Une autre fois alors !
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