Les bouleaux vétérans et le chêne de Coat an Bars, Mellionnec, Côtes d’Armor

C’est en feuilletant le numéro de Mars 2014 du magazine édité par le département des Côtes d’Armor (Le magazine-Côtes d’Armor) que mon attention a été attirée par une photo présentant une personne prélevant de la sève sur un bouleau de belle taille au tronc fragmenté.

Bouleau 1 de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (8)

Je me suis donc rendu en juillet à la  ferme de Coat an Bars, autrement dit le Bois du Barde, où se trouve l’arbre entrevu. Le lieu, outre l’activité agricole bio et un camping, accueille une association, les amis du Bois du Barde organisant des ateliers pédagogiques natures (plus d’infos ici).

En arrivant sur place, je me suis rendu compte que je connaissais déjà l’endroit, car en vadrouille dans le secteur, j’avais repéré le chêne marquant l’entrée du site. Je pensais ce jour là avoir fait une trouvaille, mais après vérification, il se trouvait déjà dans l’inventaire.

Toutefois cette fois-ci, je ne m’arrête pas à son pied trop pressé de découvrir le bouleau!

La propriétaire, prévenue de ma visite, m’accueille et me guide au pied du vétéran qui se situe sur le talus délimitant l’aire naturelle de camping et une zone humide envahie par les saules. Une fois devant l’arbre mon impression est mitigée: vu dans son ensemble, cet ancien têtard n’est pas un prix de beauté et il n’est pas en grande forme!

Bouleau 1 de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (7)Bouleau 1 de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (6)

Toutefois, son étonnant tronc rattrape ses faiblesses esthétiques, celui-ci possède plusieurs jambes! Cette structure acquise à la suite d’un long processus de dégradation du bois d’un côté et de la régénération des parties encore vivantes de l’autre, avec probablement l’apparition de racines adventives, le rend hors normes et me prouve que j’ai à faire à un vieillard!

Pour ne rien gâter la circonférence de 2.63 m est plus qu’honorable pour un bouleau.

En quittant les lieux je m’arrête tout de même saluer le gros chêne.

gros chêne de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (16)

C’est un Quercus robur de 5.90 m de tour, et d’une envergure d’environ 25 m, que l’on appréciera plutôt en hiver. En effet, la présence simultanée du feuillage de l’arbre et du lierre ne permet pas de bien discerner sa ramure pourtant assez massive.

Il est accompagné d’une vieille trogne de chêne enlierrée (à droite sur la première photo du chêne) de 4.85 m de tour environ. C’est en le mesurant que j’ai aperçu sur le talus de l’autre côté du chemin une seconde trogne de bouleau, presque couchée, à laquelle je n’avais pas prêté attention lors de ma première visite.

Bouleau 2 de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (16)

Là encore ce n’est pas un prix de beauté, surtout sur la face Ouest qui n’a plus d’écorce laissant à nu son bois attaqué par les champignons. On a l’impression d’avoir un genre de limace ligneuse face à soi! La face Est est plus conforme à l’idée que l’on se fait d’une trogne.

Malgré son état, il semble vigoureux, de beaux rejets lui forment une cime relativement fournie,

Quand Mickaël avait inauguré la catégorie des bouleaux avec un sujet de 3 m (ici), je  pensais qu’il serait difficile de trouver plus gros… Hé bien voilà qui est fait, sa circonférence est de 3.67 m prise au plus fin! Un record!, qui pourrait bien le placer en tête des bouleaux français recensés!

Le fait que ces deux arbres, qui ne suscitent pas forcément l’admiration pour un non initié, soient toujours en vie, s’explique par l’absence de remembrement de cette propriété et qu’elle a été longtemps laissée sans entretien. Ici pas de propriétaire soucieux de « mettre propre » les talus et de tout ravager!

D’ailleurs, il y a d’autres sujets intéressants sur le site.

autres chênes de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (22)autres chênes de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (23)

Sur le parking du camping un beau chêne pédonculé de 4.60 m de tour, et le long d’un chemin creux près d’un verger au moins deux vieilles trognes de chêne assez semblables, plutôt trapues d’environ 4.20 m de tour.

autres chênes de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (28)autres chênes de coet an bars, Mellionnec, Côtes d'Armor, Yannick Morhan (26)

Une exploration plus poussée m’aurait certainement permis de trouver d’autres sujets dignes d’intérêt. Car comme le nomment nos voisin anglais, ce site est un hot-spot pour les vieux arbres!

Je ne manquerai pas de retourner approfondir mes recherches!

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9 réflexions sur « Les bouleaux vétérans et le chêne de Coat an Bars, Mellionnec, Côtes d’Armor »

  1. Un beau concentré d’arbres vénérables, une parcelle qui semble dédaignée par l’activité humaine où la nature peut s’exprimer librement. Il y a un côté féérique qui se dégage.
    On dirait une petite jungle en plein pays breton !
    Il faut que tu continues son exploration, surement d’autres pépites à découvrir…
    Trouver des bouleaux vénérables… c’est presque « contre-nature ». Leur caractère pionnier les rendant peu longévifs, il est rare de trouver de vieux bouleaux.
    Ces deux bouleaux sont vraiment remarquables. Ma préférence va pour le 1er même s’il ne décroche pas la médaille d’or du tour de taille.
    Bouleau verruqueux ou pubescent ? l’endroit semble bien humide peut-être plutôt B. pubescent…

  2. C’est effectivement un lieu comme on aimerait en voir plus souvent!
    Dans le cas de ces bouleaux, leur longévité s’explique probablement par le fait que ce sont d’anciens têtards.
    D’après certaines recherches, la taille régulière permet à des essences peu ou moyennement longévives de perdurer plus longtemps, en passant de l’état d’individu à celui de colonie. D’autre part cela permet de conserver des caractères « juvéniles » avec une capacité à réitérer importante.
    Ajouter à ça, une architecture réduite qui limite les contraintes structurelles réduisant ainsi les risques d’écroulement…
    Trop occupé à mes photos et mesures, je n’ai pas pensé à vérifier la variété, mais je crois que c’est du pubescent…

  3. Ah oui, je n’y avais pas pensé, c’est vrai que la « tétardisation » est un bon moyen de rajeunir le matériel végétal et de prolonger ainsi la vie d’essence peu longévive.
    Prochaine fois que je cherche de vieux bouleaux, je regarderai vers les vieilles trognes…

  4. La première photo est vraiment belle: ambiance, couleurs, cadrage, textures…
    Dommage que les bouleaux ne soient pas plus présents dans les différents inventaires. La texture du tronc devient très intéressante avec l’âge je trouve.

  5. Fort étonnant ce bout de terrain est ses spécimens.

    Je suis agréablement surpris par le gros bouleau en trogne.
    Je ne saurai dire qu’elle peut être son âge, les principales estimations pour l’ensemble du genre fixe une fourchette allant de 80 à 120 ans. Serait-il possible qu’on ait dépassé le siècle…

    Belle découverte en tous cas !

    • Je me doutais qu’ils allaient te plaire! Concernant l’âge de ces bouleaux il est difficile de se prononcer, les chênes qui les côtoient sur les talus son probablement centenaires, peut-être est-on dans la même classe d’âge…

  6. Nous sommes en 2024, je découvre cet article au gré de ma balade, sur internet à la recherche d’informations sur les arbres. Je serai bien curieuse de savoir si ce vénérable spécimen est toujours debout. Mais 10 ans à l’échelle d’un arbre c’est tout petit.

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