Peu d’auteurs bretons possèdent la renommée d’Anjela Duval. Cette paysanne a exprimé son rapport à la terre, au breton et à la spiritualité à travers de nombreux poèmes traduits en plusieurs langues : français, anglais, gallois, occitan…
La poétesse trégorroise trouvait une grande partie de son inspiration dans son lieu de vie à Traou an Dour à Vieux Marché. S’émerveillant devant la beauté de deux chênes menant à sa ferme, elle composa un poème en leur honneur : An div dervenn Gozh (Les deux vieux chênes).
Aujourd’hui, des deux arbres, il n’en reste plus qu’un seul de 5,2 m de circonférence.
Voici un extrait du poème :
Gweet hag adweet o skourroù
Hañval ouzh kozhidi seizet o izili
gant ar remm. Kramennet ha roufennet
don o dremm. Tarvoal eo o fennoù
Kozh int. Kozh-Noe.
Nouspet gwech o deus bet kant vloaz.
Nouspet gwiskad gwignenn a wisk
o c’halon derv. (…)
Traduction
Leurs branches tordues et retordues
Semblables à des vieux membres paralysés
Leur visages profondément ridés et encrassés par les rhumatismes
Bien chauves leurs têtes, ils sont vieux comme le monde.
Je ne sais pas combien de fois ils ont eu 100 ans.
Je ne sais pas combien de couches d’aubier peut habiller leur cœur de chêne (…)
J’observe le chêne rescapé depuis 2008. L’arbre qui présentait une descente de cime a été toiletté en 2013. Aujourd’hui, ce chêne paysan au port trapu prospère paisiblement. Gageons qu’il portera encore, pendant plusieurs décennies, l’âme de la poétesse trégorroise.
Très bel article. Est-ce le poème qui t’as amené à cet arbre ou l’arbre qui t’as amené au poème ?
Quel chance qu’il restait encore celui-ci au crâne dégarni.
Il me semble apercevoir un if derrière la ferme sur la deuxième photo ?
Merci Mickaël pour le partage.
Joli doublé ! Merci de nous avoir fait découvrir ce vieux chêne et cette femme poète que je ne connaissais pas.
Elle écrit tous ses poèmes en langue bretonne ? les traductions ont toujours du mal à restituer toute la beauté du poème…
C’est le vent qui a sculpté ce vieux chêne de la sorte ?
Il semble avoir repris du poils de la bête depuis la taille, il est bien touffu par rapport à l’avant dernière photo.
Merci. Effectivement je trouve qu’il a repris un peu de poil de la bête depuis la taille: il s’est bien étoffé.
En ce qui concerne Anjela Duval, elle écrivait bien ces poèmes en breton. Il en est un que j’apprécie particulièrement qui parle du remembrement. La version française est « Le talus ». Frisson garantie ! => http://www.breizh.net/anjela/galleg/poeme.php?id=3
Pour te répondre Y@nnick, je n’ai aucun mérite quant à la découverte de cet arbre. Il a été mis en lumière par l’association de la vallée du Léguer qui a réalisé au courant des années 2000 un inventaire des arbres remarquables sur cette vallée.
On dirait qu’il y a une petite ligne électrique (ou téléphone ?) au dessus du vieux chêne. C’est peut-être aussi la raison de la taille de l’arbre ?
Effectivement il y a une ligne mais de mémoire, elle passe assez loin de l’arbre
Un arbre de village proche des gens.
Un compagnon de toujours,
Un témoin du temps qui passe