Lorsque la terre est trop aride pour l’olivier, lorsque les rivières n’ont pas la force d’atteindre la mer et s’évaporent sous le soleil brûlant, il reste encore un arbre, miracle de la nature, pour retenir les hommes dans ces terres dénudées.
C’est l’Arganier (Argania spinosa) l’arbre providentiel du Souss, cette petite région du sud Maroc, coincée entre l’océan, les contreforts de l’Atlas et les premières dunes du Sahara.
Un arbre extraordinaire au centre de la culture berbère depuis des siècles mais que le monde occidental n’a découvert que récemment, grâce aux vertus prodigieuses de son fruit transformé en huile : la fameuse huile d’argan.
L’arbre mérite aussi que l’on s’y intéresse, mais curieusement il fait rarement l’objet d’articles sur nos blogs arboricoles.
Alors voici le portrait en images de trois vieux arganiers, typiques de la région du Souss, trois forces de la nature dans cet environnement hostile où le cumul des pluies ne passe jamais les 300 mm/an.
Espèce endémique, présente dans cette seule partie du monde, l’arganier s’étale sur 800 000 hectares. Un arbre tellement attaché à sa terre, que sa culture est quasi impossible ailleurs que dans le Souss. Un inventaire estime son nombre à environ 20 millions d’arbres.
Pour cet article, ma sélection porte sur 3 arganiers (Mirleft, Tafraout, Tidzi) qui m’ont séduit lors de mon dernier voyage au Maroc. Les photos ont été prises en décembre, avec parfois encore quelques fruits présents 🙂
Cliquer sur la galerie :
Les différentes parties de l’arbre en photos (sauf les fleurs), qui s’y frotte s’y pique 🙂 cliquer sur la galerie :
L’arganier est aussi un arbre pâturé, dans ces zones désertiques son feuillage est souvent la seule source de nourriture pour les élevages en version « pâturage surélevé ».
Cliquer sur la galerie photos :
Bonjour Castor,
Superbes photos de spécimens remarquables d’arganiers ! Sur la première photo ce sont bien des euphorbes cactoïdes que l’on voit sous l’arbre ?
Yves
Bonjour Yves,
merci pour les commentaires toujours agréables 🙂
oui ce sont bien des coussinets d’euphorbes cactiformes caractéristiques de ces zones désertiques.
L’euphorbe de Beaumier (Euphorbia officinarum ssp. officinarum) et aussi Kleinia anteuphorbium, sont les plantes caractéristiques dans zones de désertification où disparaissent les peuplements ouverts d’arganiers traditionnels (faute de régénération naturelle et d’entretien des peuplements, l’effet boomerang de la folie économique de l’huile d’argan) 😉
L’écosystème spécifique des arganeraies a été bien étudié :
https://ma.chm-cbd.net/biodiversity/ecosyst/les-arganeraies
J’ai découvert cet arbre par le biais d’un documentaire d’ARTE conseillé par Yves Maccagno. Il traite plutôt de la fabrication de l’huile d’argan qui permet aux femmes de cette région d’avoir un travail rémunéré (certainement pas à la hauteur du labeur fourni, selon notre regard d’Européens) à partir d’une pratique ancestrale (et impressionnante de dextérité). Si ça vous intéresse vous trouverez facilement ce reportage sur internet 😉
Mais je suis un peu restée sur ma faim en ce qui concerne l’arbre en lui-même.
En particulier : pourquoi ne pousse-t’il qu’à cet endroit du monde ? a-t’on essayé de l’implanter ailleurs ?(vu ce qu’il rapporte je me doute que oui) mais si le bétail mange les feuilles, comment l’arbre fait-il pour survivre ? Etc, etc,…
Questionnement de béotienne 🙂
En tout cas c’est une très agréable présentation photographique que tu nous en fais là Castor.
Et ces trois arganiers sont plus que remarquables.
Ce sont bien les arbres d’or du sud marocain.
Chacun donnera à cet or la valeur qui lui tient le plus à cœur 😉
Merci Pat’ pour ton commentaire 🙂
c’est vrai que l’on parle beaucoup plus des vertus de l’huile d’argan et du développement de son économie locale que de l’arbre en lui-même.
Les tentatives de plantations pour la production d’argan hors de sa zone d’origine sont des échecs !
Pourtant plein de zones autour de la méditerranée pourraient être adaptées à l’arganier, mais il manque toujours un paramètre essentiel… les champignons !
Tout un cortège de champignons mycorhiziens spécifiques est associé à l’Arganier. En son absence, l’arbre vivote péniblement mais ne pourra jamais avoir un développement normal.
Il existe aussi une petite zone en Algérie où l’arganier est spontané.
Pour ce qui est de la consommation des feuilles par le bétail, j’aime bien cette expression de « Pâturage élevé » 🙂
Dans ces zones désertiques, les éleveurs n’ont pas d’autres sources de nourriture pour les chèvres (qui favorisent aussi la dissémination des graines et la régénération naturelle). Les arbres sont ainsi tondus à 3-4m du sol !
L’arganier a la particularité de perdre ses feuilles en période de canicule et sécheresse et d’en refaire des nouvelles en hiver (lorsque parfois il pleut…). Cette année en décembre, les arganiers redémarraient après 6 mois de feuillage brûlé.
Bonjour, un aspect important, me semble-t-il, est la présence des chèvres qui avalent les fruits, dont la coque très solide est attaquée par les sucs gastriques de l’animal et permet la germination. Eliminés avec les crottes, les fruits germés peuvent s’installer, nourris par ce fumier. Chèvres et arbres sont indissociables.