[ Alerte dépérissement ] Le chêne de St-Maurice-Sur-Dargoire, Rhône

Dans les Monts du Lyonnais, un vieux chêne séculaire fait l’admiration des visiteurs depuis tellement longtemps qu’il a été baptisé le Chêne St Louis. Même s’il est peu probable qu’il ait connu St Louis, ce beau chêne solitaire trône depuis certainement 250 ou 300 ans dans ce petit coin de campagne. Un âge tout à fait honorable mais qui n’a rien d’exceptionnel chez les Quercus. En revanche, il a une particularité assez rare qui le rend absolument sublime.
Ses longues branches semblent plonger vers le sol puis rebondir comme des ricochés à la surface de l’eau.  Une originalité qui le fait entrer dans la catégorie des « chênes à longs bras » ou « chênes pieuvres ».

C’est  Madame Dulac (Blog lieux sacrés) qui nous l’a fait découvrir en lui consacrant un article sur le krapo arboricole en 2008.

Mais en lui rendant une petite visite ce printemps, c’est un chêne au houppier dégarni que je découvre… Que reste-t-il  du majestueux chêne aux longs bras ?

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En 2009, une photo publiée sur le site Arbres Monumentaux (ici) montre toute l’attention que son propriétaire portait à son arbre. Une grosse protection avait été posée suite à la rupture d’une branche maitresse.

Puis en 2010, Alexis, un autre Krapo-Reporter, était passé voir le beau chêne pieuvre. Il était toujours aussi majestueux mais il avait signalé qu’un feu avait été allumé à son pied et avait creusé une cavité. A cette période, comme le montre les photos, aucun signe de dépérissement n’apparaissait.
Tout semble s’être accéléré ces trois dernières années.

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L’incendie criminel de 2010 a provoqué la chute d’une grande partie de l’écorce au pied de l’arbre. Le vénérable ne peut plus s’alimenter convenablement et la moitié du houppier est déjà mort. Ce dépérissement va s’accélérer et conduira à la mort du géant.

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Il est peu probable que le vieux chêne puisse bénéficier d’une mesure de sauvegarde…
Alors, rendons une dernière visite au colosse avant qu’il ne s’effondre !

Note : de l’autre côté des Monts du Lyonnais, au nord de Lyon, se trouve un autre chêne qui a une particularité singulière, celle d’être envahie par du gui : le chêne porte-gui de Limonest à découvrir ici.


Mise à jour septembre 2017 :

Lionel Staub, membre actif de l’association ARBRES dans la Loire et auteur du blog Arbres42, nous signale la fin du beau chêne aux longs bras. Il ne s’est pas remis de l’incendie criminel et n’a pas redémarré au printemps 2017. Voici les dernières photos du chêne le plus majestueux des Monts du Lyonnais.

Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de la connaitre avant son dépérissement éclair , voici le vieux chêne dans toute sa splendeur au début du nouveau millénaire lorsqu’il faisait encore l’admiration de tous les visiteurs.


 

 

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16 réflexions sur « [ Alerte dépérissement ] Le chêne de St-Maurice-Sur-Dargoire, Rhône »

    • Même constat, les victimes sont nombreuses, parfois pour déloger un nid de frelons, enfumer des rongeurs (cas du châtaignier de Pont L’Abbé..).
      Récemment, le plus gros chêne polonais a été incendié…

      • C’est hallucinant le nombre de vieux arbres ayant subi ce genre de dommage. Rien que de mémoire, je me souviens du :
        – gros mélèze de Montricher où un chasseur de chamois y avait un feu de camp mal maitrisé,
        – châtaignier millénaire de l’Hermet où la bergère avait allumé un feu pour se réchauffer dans le creux de l’arbre,
        – frêne Sully du curé Teissier éventré par un feu servant à chasser un nid de frelons,
        – des vieux cèdres du Maroc dans la forêt d’Azrou subissant les récolteurs de miel qui allument un feu au pied de l’arbre pour enfumer les abeilles
        – du cyprès chauve du parc Soulage à Grenoble, dont les petits dealers du quartier brulent régulièrement leur « déchets » dans un des replis de son tronc cannelé…
        – même le remarquable genévrier d’opoul au milieu de sa vigne en pleine garrigue à échapper à un feu de camp allumé juste sous ses branches en forme de parasol
        et surement tant d’autres qui m’échappent…

  1. En effet castor, comme nous en avons déjà parlé lors de notre entrevue le chêne de venon a aussi été victime de ce genre de dommages, en 2003 si ma mémoire est bonne. Fort heureusement , les conséquences de ce feu ne sont pas aussi dramatiques, du moins pour le moment….

    • je n’ose pas imaginer si notre chêne de Venon, l’arbre symbolique des Grenoblois, subissait le même sort… Heureusement qu’il a bien résisté même s’il présente lui aussi quelques signes de faiblesse.
      Et ces étudiants sur le campus qui faisaient leur méga barbecue sous ce splendide eucalyptus !!! HALLUCINANT !!! Il a pris un sacré coup de chaud sur tout un côté 🙁 en période de canicule il aurait pu se transformer en torche…

  2. Je te rassure, pas de soucis pour celui d’Opoul. C’est le frère de la propriétaire qui m’a raconté cette histoire de feu de camp sous le genévrier. Heureusement qu’il est intervenu à temps, allumer un feu en garrigue il faut avoir une âme de pyromane… 🙁

  3. Je crains Yannick, qu’il soit nécessaire d’ouvrir une rubrique [ Alerte dépérissement ] j’ai d’autres cas (désespérés) à vous présenter
    🙁

  4. Une bien triste mise à jour en fin d’article…
    On savait que le vieux chêne était condamné, mais on aurait pu espérer qu’il reverdisse encore quelques printemps de plus 🙁

  5. Quand je revois ces photos et étant allé le voir dans les années 90, j’en pleure sérieusement. Et comme je fais une projection samedi 21 octobre à Plougastel au café le Keralcun, il fait partie des arbres que je montre. Avec ton accord Yann, je mettrais les photos de l’arbre en fin de vie et mort, je te dis le froid que çà fera !
    Je trouve tout cela trop scandaleux !

    Continues avec ton équipe à témoigner pour nos arbres séculaires.
    Je me souviens de Christophe m’ayant appelé en 2008 alors que j’étais sur un lit d’hopital et me demandait s’il je lui donnais l’autorisation d’utiliser le mot « Vénérable ». Et j’avais dis OUI. Je n’en suis pas le propriétaire et personne n’est propriétaire des arbres, nous sommes leurs dévoués ! Nous nous devons les protéger. Le Vénérable est le MAITRE du LIEU.

  6. et le chataigner de l’Eraudière à Nantes planté sous Pépin le Bref, contaminé par l’encre suite à une taille sans précaution, mort récemment, mais encore bien vivace en 2012

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