Le cèdre de Gières, Isère

Nouvelle recrue chez le têtards, Rémy nous présente le premier arbre d’une série qui ne devrait pas manquer, par la suite, d’exotisme…

Le cèdre que je veux vous présenter est une partie de moi-même. Pour cette première contribution, je ne pouvais commencer par un autre arbre. Il fait partie du paysage quotidien de mon enfance. J’aime à croire que l’attachement que j’éprouve pour ce géant est partagé par de nombreux Giérois. Se trouvant en bordure de la rue Pasteur, sa couronne puissante et harmonieuse domine le chemin qui mène de l’école primaire que j’ai fréquenté à la maison familiale. Pendant des années, je suis donc passé à proximité de ce magnifique cèdre de l’atlas. Ma passion pour les beaux arbres s’est révélée très jeune, et le cèdre de la propriété Murat a probablement beaucoup contribué à cela.

Le cèdre de Gières Isère, Rémy Canavésio (1)

Photo 1 : Une photo d’ensemble de l’arbre prise en direction du Sud-Ouest. On y voit bien les belles proportions du cèdre avec un tronc unique, parfaitement rectiligne et puissant qui ne se divise réellement qu’à partir d’une bonne vingtaine de mètres. Le tulipier de virginie positionné légèrement en arrière plan sur la droite est également d’une belle dimension.

L’arbre s’enracine à une dizaine de mètres de la route publique derrière un vieux mur de pierres qui témoigne de l’origine bourgeoise de la propriété. Il y a une quinzaine d’années ce géant devait partager la domination du quartier avec deux autres congénères tout aussi impressionnants. L’un d’entre eux également caractérisé par un tronc unique s’élevait à côté d’une vielle bâtisse de pierre de la rue de l’Isère et fut abattu après une mort semble-t-il naturelle. Le troisième cèdre de l’atlas quant à lui avait une allure un peu différente, se divisant dès la base en plusieurs branches colossales qui couvraient la rue de la plaine toute proche avec une couronne dont le diamètre dépassait probablement les 35m. Il fut malheureusement coupé récemment pour contenter les riverains qui redoutaient de plus en plus la chute éventuelle d’une de ses branches.

Le cèdre de Gières Isère, Rémy Canavésio (3)

Photo 2 : La base de l’arbre est rendu totalement stérile par le tapis d’épines. A droite on aperçoit le cerisier qui fait environ 8 mètres de haut mais qui semble totalement écrasé par le cèdre.

Le cèdre que je vous présente est donc le dernier Mohican de ce groupe de géants et quasiment la dernière trace vivante de ces belles propriétés bourgeoises qui faisaient l’identité paysagère de la commune jusqu’au milieu du 20ème siècle. Une à unes ces magnifiques propriétés de plusieurs hectares situées à quelques encablures de Grenoble ont été divisées puis rachetées par des promoteurs immobiliers qui ne se soucient guère de la préservation des arbres magnifiques qui s’y trouvent.

Le propriétaire actuel du terrain est un ancien pépiniériste qui a veillé pendant plus de cinquante ans sur ce trésor végétal. Ne pouvant plus entretenir cette immense propriété il a tout récemment vendu son terrain à un promoteur qui construit plusieurs immeubles à proximité du cèdre (visible sur une des photos). Bien qu’étant semble-t-il protégé par la commune, je crains fort que ces constructions n’endommagent gravement le système racinaire de l’arbre. Quoi qu’il en soit, son apparence sera définitivement altérée par ces constructions trop proches. Un arrière plan de béton ne valant jamais l’écrin enneigé des montagnes environnantes qui étaient jusqu’à ce jour la toile de fond de ce magnifique cèdre.

Le cèdre de Gières Isère, Rémy Canavésio (2)

Photo 3 : Les dégâts provoqués par l’orage du 18 juillet. Une des branches récemment cassée (à gauche) prend naissance sur une branche plus solide brisée par l’épisode neigeux de 1997.

L’histoire inquiétante des arbres de la commune étant bien posée, il est temps d’en venir au cœur de ce qui nous intéresse : les caractéristiques de l’arbre. D’après le propriétaire il aurait été planté entre les années 1850 et 1880. Il ne s’agit donc pas d’un vieillard pour son espèce et sa croissance est encore vigoureuse, laissant présager des dimensions encore plus impressionnantes à l’avenir si l’urbanisation galopante de la ville voulait bien l’épargner. Le périmètre de l’arbre à 1m50 est de 5m50 environ mais ce qui est le plus remarquable est surtout la dimension de ce tronc en hauteur. En effet, à une vingtaine de mètres le diamètre semble être à peine inférieur au diamètre de la base. Ce fût dégage une impression de puissance tout à fait hors norme, qui ne s’est d’ailleurs jamais démenti. En effet, la tempête de 1999 qui souffla pourtant très fort dans cette vallée axée Sud-Ouest / Nord-Est (148km/h sur une commune voisine) ne le fit pas vaciller en dépit d’une prise au vent considérable. Je me souviens en revanche que l’épisode neigeux de janvier 1997 cassa une solide branche surplombant la rue Pasteur, alors que le 18 juillet 2013 un orage cassa une nouvelle branche sur le même côté. La hauteur du cèdre n’a pas pu être établie avec précision mais elle semble être proche de 35 mètres ce qui n’est tout de même pas anodin. Les conditions actuelles d’observation (chantier proche) sont telles qu’il n’est pas aisé de saisir les (dis)proportions de ce géant. Néanmoins, le cerisier qui se trouve sous son ombrage et qui mesure pourtant environ 8 mètres de hauteur permet de se faire une idée… Il ressemble à un vulgaire buisson qui n’atteint même pas la hauteur des premières branches du cèdre. Seul le beau tulipier de virginie d’une trentaine de mètres (mais incomparablement plus frêle) ose véritablement se mesurer à ce géant.

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4 réflexions sur « Le cèdre de Gières, Isère »

  1. Bonjour les têtards, c’est Damien qui remet les pieds dans la forêt !..
    Je m’excuse de cette longue absence sans nouvelles ni production d’articles, heureusement je vois que malgré tout l’aventure continue de plus belle !
    Je ne m’étalerai pas sur les raisons qui m’ont conduit à vous fausser compagnie, mais j’avais besoin d’air et beaucoup de choses ont bougé dans ma vie.
    Me revoici parmi les arbres, avec des ex-contributions au Krapo pour (re)commencer à vous des quelques vénérables normands.
    Bonjour à tous les amis, et bravo pour votre travail de recherche et de rédaction.

    Amicalement vôtre, Damien

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