Les arbres de la bambouseraie d’Anduze, Gard

On ne présente plus la Bambouseraie d’Anduze.
La réputation de ce jardin exotique a largement dépassé les frontières du département. Il est devenu au fil du temps une attraction majeure pour les visiteurs de passage dans les basses Cévennes (d’ailleurs, le prix du billet d’entrée est à la hauteur de son succès…).

Si le bambou est roi sur cette terre fertile depuis maintenant plus de 150 ans, quelques arbres dispersés dans le jardin méritent également d’être admirés. Ils bénéficient eux aussi de conditions de croissance exceptionnelles et ont atteint des dimensions surprenantes. A tel point que deux d’entre eux pourraient être les plus gros représentants de leur espèce en France.

bambouseraie-anduze10bambouseraie-anduze11

Mettons les choses au clair immédiatement, il ne s’agit pas dans cet article de présenter cette herbe étonnante au risque de me retrouver hors-sujet. Le bambou n’est pas un arbre, ni un arbuste mais bien une graminée ! Pourtant, les dimensions qu’il peut atteindre peuvent être spectaculaires. Parmi la multitude d’espèces existantes, le bambou géant (Phyllostachys edulis) frôle les 40m de haut pour 30cm de diamètre en Chine, son pays d’origine. Dans la bambouseraie d’Anduze, on trouve les plus hauts bambous d’Europe tempérée avec une hauteur dépassant les 20m et une circonférence supérieure à 60cm… pas mal pour de l’herbe ! et une vitesse de croissance pouvant aller de 1m en 24 heures ! Hallucinant !
Mais j’arrête là ma dérive sur cette graminée ligneuse pour revenir à notre sujet de prédilection, les arbres.
Et dès l’entrée du parc, vous serez tout de suite mis dans l’ambiance avec une allée du plus bel effet. Elle est bordée d’une forêt dense de bambous et ponctuée de Séquoias sempervirens.
Cette association est vraiment magnifique et la présence de ces deux espèces semblent parfaitement en accord. Il est d’autant plus intéressant que c’est le séquoia sempervirens qui a été préféré au moment de la plantation au classique séquoia géant.
La plantation date de 1861, très peu de temps après la création du parc par Eugène Mazel en 1856. Malgré des conditions de croissance très favorables (chaleur, humidité, fertilité du sol) ces séquoias restent très éloignés des records de taille déjà enregistrés par cette espèce en France.
Les dimensions sont assez homogènes, je ne me suis pas amusé à tous les mesurer alors j’ai pris comme référence celui qui me semblait être le plus gros.
En juin 2016, la circonférence prise à 1,3m du sol est de 4,93m. Elle est identique à 1,50m de hauteur. La hauteur totale du séquoia est de 44m, mesurée au dendromètre suunto. Mais sur un petit panneau descriptif, le parc annonce une hauteur supérieure à 50m pour ces séquoias. Certes, il est possible que je n’ai pas mesuré le plus haut, mais je doute sérieusement qu’un autre séquoia de l’alignement le dépasse de plus de 6m…
L’état sanitaire des séquoias semblent excellents, bien que certains paraissent avoir quelques cimes sèches à leur extrémité… à surveiller !

Sequoia-sempervirens-bambouserai-anduze1Sequoia-sempervirens-bambouserai-anduze2

A la sortie de la reconstitution du village laotien, un splendide chêne pubescent mérite toute votre attention.
Sa circonférence à 1,3m du sol est de 6,81m puis chute brutalement à 6,57m à 1,5m de hauteur. En effet, la base du pied très évasée sur ce chêne est pour le moins surprenante et inhabituelle pour cette espèce.
Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est la hauteur atteinte par ce chêne. Dans un panneau descriptif, le parc l’annonce à 40m de hauteur. Une dimension maximale pour du chêne , j’avais de sérieux doutes que cette mesure soit exacte.
J’ai donc bien pris le temps d’effectuer ma propre mesure avec mon dendromètre suunto et effectivement je trouve aussi une hauteur totale de 40m (avec une petite marge de précision d’1m car il est difficile d’avoir suffisamment de recul pour bien distinguer la cime).
Pour bien se rendre compte de cette hauteur exceptionnelle, on peut se référer au Chêne de la Résistance (chêne sessile) en Forêt de Tronçais remarqué de longue date pour sa hauteur vertigineuse.

Chene-pédonculé-bambouseraie-anduze4Chene-pédonculé-bambouseraie-anduze2Chene-pédonculé-bambouseraie-anduze1

Un petit conseil, ne restez pas trop longtemps en admiration devant ce chêne majestueux, d’autres surprises arboricoles encore plus étonnantes vous attendent plus loin dans le parc.
C’est dans une petite allée presque ordinaire, toujours envahie par une forêt de bambous, que j’ai rencontré l’arbre le plus exceptionnel à mes yeux de la Bambouseraie. Sa présence est bien discrète, il risque de passer inaperçu pour la plupart des visiteurs.
Il s’agit d’un gigantesque Magnolia à grandes fleurs.
Ses dimensions surpassent largement tous les autres magnolias que j’ai pu rencontrer et je n’ai pas trouvé non plus d’équivalent dans les bases de données d’Arbres Monumentaux (magnolia sans défaut de forme pouvant modifier les mesures).
En juin 2016, sa circonférence prise à 1,3m du sol est de 4,67m (4,62m mesurés à 1,50m de haut). Sa hauteur totale est, elle aussi, exceptionnelle pour cette espèce : 31m (largement 10m de plus que les hauteurs habituellement rencontrées).
Son état sanitaire est excellent et son tronc massif, bien élagué sur 7m de haut, accentue l’impression de gigantisme.

Magnolia-grandiflora-bambouseraie-anduze1Magnolia-grandiflora-bambouseraie-anduze4

Dans cet environnement à l’ambiance très asiatique, la présence d’un Ginkgo semble tout adaptée, une présence presque obligatoire !
L’exemplaire de la Bambouseraie se trouve dans le « Vallon du Dragon ». Sa position dans le parc a été murement réfléchie : « Au pied de la colline, il incarne l’entité protectrice et bienfaisante du jardin ». Ok, ça c’est pour le côté zen… mais d’un point de vue dendrométrie, ce pied solitaire est tout aussi intéressant.
En juin 2016, sa circonférence mesurée à 1,3m du sol est de 5,24m (5,20m prise à 1,5m de haut). Un tour de taille exceptionnel pour cette espèce et qui doit le placer parmi les trois plus gros ginkgos de France. Une dimension d’autant plus impressionnante que le tronc est bien élagué sur 4m de haut.
Lors de mon passage, je n’ai pas fait attention s’il s’agissait d’un pied mâle ou femelle.
En revanche, Yves Maccagno me signalait la présence sur place des deux pieds de sexe opposé à proximité. Je n’ai pas fait attention à la présence d’un second pied, il serait intéressant de savoir si les deux sont bien toujours présents.
La hauteur de ce ginkgo est de 28m. Mais la cime a été abîmée lors d’une tempête en 2011. Sa hauteur était de 34m avant la tempête d’après le livre sur les Arbres remarquables du Gard d’Yves Maccagno.
Les branches très rectilignes, donnant cette allure si caractéristique au ginkgo, semblent avoir bien reconstitué le houppier meurtri.
Ginkgo-biloba-bambouseraie-anduze2Ginkgo-biloba-bambouseraie-anduze1Ginkgo-biloba-bambouseraie-anduze3D’autres espèces arboricoles ajoutent également une plus value intéressante à ce parc. On peut citer ce magnifique et rarissime Chamaecyparis obtusa (cyprès du Japon) dans le village laotien, une jolie colonie de Thuya géant, un Platane d’orient de plus de 5m de circonférence et ces trois jeunes Wollemias nobilis qui m’ont fasciné par leur fructification. A ce sujet, ils sont présentés dans l’article consacré au Pin de Wollemi (ici).

Mais comme le montre la photo ci-dessous, à Prafrance, le bambou reprend toujours sa place. Il n’hésite pas à transpercer les vieilles souches d’arbre pour étendre son territoire !

bambouseraie-anduze02bambouseraie-anduze01bambouseraie-anduze13

Ne l’oublions pas, ici, le Roi de la Forêt c’est le Bambou !

Share Button

6 réflexions sur « Les arbres de la bambouseraie d’Anduze, Gard »

  1. La seule fois où j’aurais pu visiter la bambouseraie, celle-ci était fermée pour cause de grand vent et donc de risque de se prendre une volée de bois vert! Merci donc pour cette visite de remplacement!

  2. Dommage que tu aies manqué la visite. Si tu as l’occasion ça vaut vraiment le coup de revenir dans le secteur, l’endroit est unique en son genre.

  3. En découvrant la remarque de Boris sur « l’erreur d’étiquetage » du grand chêne de la Bambouseraie de Prafrance (sur la commune de Générargues et non d’Anduze comme on le dit généralement), je n’ai pas manqué d’être étonné car nombreux sont les spécialistes qui sont passés devant et ont conclu à un chêne rouvre et non pubescent. C’est pourquoi, lors d’une récente visite (le 17 novembre 2024) j’ai profité d’une journée commémorative célébrant les 30 ans du vallon du Dragon pour interroger le jardinier en chef et lui demander si les glands étaient pédonculés ou non ( je ne suis jamais passé au bon moment !). Il m’a confirmé qu’ils étaient bien pédonculés et qu’il s’agit donc bien d’un chêne rouvre (l’autre grand chêne aussi).
    Yves

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.