Le vieil if de Grenoble tenait une place discrète à l’entrée du jardin des plantes de Grenoble depuis sa création en 1850.
Beaucoup plus jeune que les ifs millénaires des cimetières normands, il était pourtant le doyen de son espèce dans la capitale des Alpes.
Mais son agonie progressive a fini par son abattage la veille de la Toussaint…
Paix à son âme !

Avec sa série sur les ifs antiques de Normandie, Damien m’avait fait découvrir cette espèce dans des dimensions surréalistes. Je me suis donc demandé si on avait des ifs équivalents dans le bassin grenoblois. J’ai mené mon enquête et prospecté dans toute l’agglo sans trouver aussi gros et aussi vieux que celui du jardin des plantes.
Il faisait 2,75m de circonférence à 1,3m juste avant son abattage.
Son dépérissement a été progressif et avait conduit en 2013 à une taille sévère à 5m de hauteur.
C’était l’opération de la dernière chance…
Mais le vieil if, à bout de force, n’a pas réussi à repartir. Pourtant, quelques timides rejets étaient apparus au bout de ses moignons, mais bien insuffisants pour assurer la vitalité du vieillard.
Il n’y avait plus aucun espoir et son abattage a été décrété dès l’automne.
La cause de son dépérissement reste assez floue. Selon l’un des jardiniers, il serait dû à un excès d’eau suite à quelques modifications pour la création d’un bassin à proximité.
C’est une cause de mortalité assez fréquente chez les arbres vénérables. Les exemples de « mort subite du vieillard » suite à des travaux de terrassement à proximité sont (trop) nombreux : le Séquoia du Cheylard (07), le Cèdre Gouraud au Maroc et tant d’autres…
Comme les personnes âgées, les vieux arbres supportent mal des modifications dans leur environnement…
L’âge exact de sa plantation n’était pas connu.
Mais plusieurs rondelles ont été conservées pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble. J’ai procédé à un rapide comptage des cernes mais la surface était encore brute de tronçonnage, ce qui ne m’a pas permis d’être très précis (les rondelles seront polies plus tard). J’ai dénombré environ 170 cernes ! Heureusement que ce n’était pas un if millénaire, je me suis déjà arraché les yeux sur cette rondelle d’un mètre de diamètre !
Le jardin des plantes de Grenoble a été créé vers 1845-1855. Il semble donc que cet if ait été planté à la création du jardin.

Deux semaines plus tard, la souche était arrachée. Le trou béant a révélé très peu de racines au sol. Ce qui montre à tel point ce pauvre if était en mauvaise santé et n’était pas capable de redémarrer.
Un fruitier a été planté à sa place le 19 novembre à quelques jours de la Ste Catherine.
Il s’agit d’un Kaki. Une espèce qui semble assez bien se plaire à Grenoble. On peut en trouver de beaux spécimens dans certaines propriétés privées.

Malgré la disparition de son vieil if, Le jardin botanique recèle bien d’autres trésors qui feront certainement l’objet de prochains articles. Je vous propose ces quelques couleurs d’automne où copalmes et tulipiers flamboient pour le plus grand plaisir des visiteurs.