Revenons plus en détails sur le Chêne à gui présenté dernièrement dans l’article sur les Arbres sacrés de la Forêt de Chaux.
La présence de gui sur un chêne est une curiosité de la nature extrêmement rare, il mérite bien un article à part en entière sur notre petit blog 🙂
Dans l’immense forêt de Chaux (22 000 hectares), les forestiers ont dénombré cinq chênes porteurs de gui. Une concentration qui semble exceptionnelle, sachant qu’il n’y aurait que quelques dizaines de chênes à gui en France. Les forestiers de Chaux les ont bien sûr tous soigneusement répertoriés et protégés. Pour assurer leur préservation, leurs emplacements ne sont pas dévoilés au public à l’exception de l’un d’entre eux situé en Forêt Communale d’Etrepigney. Cet arbre d’une rareté exceptionnelle est intégré à un circuit de découverte de la Forêt de Chaux nommé le Sentier du Guêpier.
Le départ du sentier débute au Chêne à la vierge Notre Dame des Potiers (47°07’26 Nord – 5°41’01 Est). Le sentier de découverte est en deux versions, 6 ou 9 km et permet de s’immerger en forêt de Chaux en découvrant des habitats traditionnels et plusieurs arbres sacrés (Chêne à la vierge, Chêne des Filles…).
Le Chêne à gui se trouve presque au démarrage du sentier, à moins de 500m du parking voiture et son emplacement est matérialisé par la station numéro 3 portant une petite pancarte. Sans ce panneau placé à son pied, on aurait toutes les chances de passer à côté sans le remarquer. Les chênes guités ne sont pas faciles à repérer lors d’une simple balade, ce qui explique aussi leur rareté.
Pour faciliter son observation, il est fortement conseillé de lui rendre visite lorsqu’il est défeuillé.
Les boules de gui sont placées assez hautes dans son houppier, au-dessus de 20m. Lorsque le chêne est en feuilles, l’observation du gui sera très délicate, voir impossible.
Ce chêne fait presque 3m de circonférence et vient frôler les 30m de hauteur. Ces dimensions correspondent à un chêne d’environ 200 ans. Il a donc été précieusement conservé par des générations de forestiers restés admiratifs devant cette étrangeté de la nature.
Les boules de gui ne sont pas très abondantes dans son houppier, on en dénombre seulement une quinzaine réparties sur quelques charpentières du vieux chêne.
Aucun autre chêne à proximité n’est porteur de gui.
Le côté mystique du chêne porteur de gui remonte à nos ancêtres celtes. Ils voyaient dans l’union de ces deux plantes un pouvoir magique décuplé : l’association du chêne (symbole du soleil, de la force et de la lumière) avec le gui (plante sacrée aux vertus médicinales, symbole de la lune et de la fécondité).
Ces croyances de la culture celte autour des chênes à gui ont été traitées en détail dans un excellent article du krapoarboricole, puis repris lors de la présentation du chêne porte-gui de Limonest (Rhône) sur le blog des têtards.
Actuellement, parmi la poignée de chênes à gui connus et dont les emplacements sont gardés secrets, seuls deux d’entre eux ont été présentés sur notre blog. Il est intéressant de comparer leurs caractéristiques.
ouah ! j’adore ces photos à contre-jour !
J’ai un peu de mal a apprécier la rareté du gui sur le chêne… vu que par ici le gui est plutôt rare, même si j’en ai croisé sur les contreforts du Mont Lozère, sur des châtaigniers (là pour le coup j’avais été très étonnée d’en trouver sur cette essence).
Et puis ma bible depuis toute petite c’est Astérix donc le chêne et le gui sont indissociables…. n’est ce pas ! 😉
Et je suppose que le guêpier dont il est question dans la dénomination du chemin de balade dans cette superbe forêt, n’est pas l’oiseau bleu du même nom, au vu du pic noir qui illustre le panneau 😉 (là je cherche la petite bête…)
Merci Castor pour la sortie chlorophylle du jour (chuis en quarantaine depuis une semaine alors elle est très appréciée…)
Merci Pat’ pour ton commentaire 🙂
Moi aussi, dans le nom « sentier du guêpier » je pensais à l’oiseau, mais ce n’est pas le cas. Apparemment le mot « guêpier » est un vieux terme local utilisé à l’époque (pas si lointaine…) par les charbonniers qui travaillaient en forêt de chaux pour désigner les personnes étrangères ne connaissant pas les rites et les coutumes de leur confrérie (c’est ce qui était écrit sur un panneau au démarrage du sentier).
Pour les photos en contre jour, je n’avais pas trop le choix pour arriver à bien mettre en évidence les boules de gui. Elles ne sont pas très nombreuses et placées à plus de 20m de haut et en passant tout début avril, le sous bois commençait déjà à débourrer et à masquer la visibilité (je serai passé une semaine plus tard, le gui aurait été difficilement observable).
Je me demande si le gui si rare sur le chêne ne se trouve que sur du chêne pédonculé. Existe-t-il des chênes sessiles porteurs de gui ? Et pourquoi pas sur chêne pubescent ou chêne vert même si le gui est très rare en méditerranée ?
Je ne sais pas si c’est possible…
Hihi on est de vrais guêpiers alors 😀
Je pensais plus prosaïquement à un nid de guêpes…
Merci pour l’explication.
C’est certainement stupide comme remarque mais j’imagine le gui poussant sur des arbres dans des régions humides… alors du gui sur nos essences de garrigue…. Mais je vais chercher quand même on ne sait jamais, n’est-ce pas Yves ? 😉
Une rareté qui suscite toujours les convoitises, il y a eu plusieurs messages sur le mail du blog dont l’objet était de connaître la localisation précise de celui de Limonest.
Heureusement ce nouveau spécimen est suffisamment haut pour limiter le risque de pillage !
Je n’en connais aucun en Bretagne, mais il y en a certainement. Un passionné d’arbres aujourd’hui décédé, en connaissais un. Si j’ai bien compris il a tenté de soigner son cancer avec.
Une liste de l’Onf que Sisley m’a fait suivre en recense quelques sujets.
Bonne quarantaine Pat’, il te faudrait peut-être une potion a base de gui?
OK pour la potion à base de gui.
Mais tu goûtes le premier 😀
Oui la position très haute des boules dans son houppier devrait le protéger des personnes recherchant à faire des « cérémonies » façon celtique auprès de cet arbre aux pouvoirs mystiques.
Pat’, pour ta boisson à base de gui tu risques plus de t’empoisonner qu’autre chose : une grande partie de la plante est toxique (surtout les feuilles) 😉
Chez les celtes, sa principale utilisation était de rendre la fertilité aux animaux stériles. Mais le gui entrait aussi dans des potions utilisées comme remède contre les poisons. Il avait aussi le pouvoir de chasser les mauvais esprits… Mais seuls les druides avaient le secret des recettes magiques et puisque aucun ne savait lire et écrire, il ne nous reste aucune traces écrites des ingrédients de leurs potions, ni guide de recette et même pas un blog culinaire pour nous livrer leurs secrets 😉
Bonjour Castor,
Une fois ton excellent article fini de dévorer de mes yeux, je me dis « mince ! » au cours de mes prospections d’arbres, voilà une chose à laquelle je n’ai presque jamais fait attention : le gui !
Ca me rappelle ton article que j’avais aussi beaucoup aimé sur les pins laricios du Sentier de la Radule, où tu notais que le gui était présent en abondance dans les houppiers. Je me permet de partager le lien de l’article pour ceux que ça intéresse : https://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2020/04/19/les-laricios-du-sentier-de-radule-corse/
En tout cas, comme souvent, tes commentaires très complets et riches en savoir sont aussi intéressants à lire que l’article en lui-même.
Merci pour cette découverte, je ferai attention au gui dans les chênes désormais 🙂
Merci Aurélien pour ton com’ 🙂 🙂 🙂
ça y est je t’ai refilé le virus du chercheur de gui 😉 Mais ce n’est plus la meilleure saison pour partir en quête des arbres guités, Il vaut mieux prospecter hors feuilles pour les repérer plus facilement.
Il y a plusieurs sous-espèces de gui, comme c’est le cas pour ceux des Pins laricios de corse que tu cites. Il y a aussi une sous-espèces qui envahi les cimes des sapins, comme évoqué dans l’article sur le sapin d’Ambléon https://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2017/05/03/le-sapin-mystique-dambleon-ain/
Une autre espèce est très très rarement porteur de gui, c’est l’orme… les vieux ormes sont devenus tellement rare, je ne sais pas si de nos jours on pourrait encore en trouver un porteur de gui ???
Le hêtre normalement n’est pas porteur de gui, mais ce n’est pas totalement impossible… je n’en ai jamais rencontré.
La chasse au gui sur chêne (toutes espèces !), orme et hêtre est ouverte !
Les chênes rouge et des marais sont facilement colonisés par le gui. Peut-être est-ce dû à leur bois moins tannique où à leur écorce qui semble plus fine.