Le « Hêtre du marais » en forêt de Saou, Drôme

La forêt de Saou en Drôme provençale est dans un environnement exceptionnel.
C’est « un espace quasiment fermé en forme de navire de 12 km de long sur 2 km de large : le synclinal perché ».
On y entre un peu comme dans un monde perdu en gardant à l’esprit la possibilité de rencontrer un animal (ou un végétal pour ce qui nous intéresse) oublié du temps.
Mon passage en forêt de Saou par cette belle journée printanière était plus orienté chasse aux champignons que chasse aux arbres vénérables.
C’est donc la tête baissée à chercher les morilles que je débouche dans une petite clairière au milieu d’un marais. Quelle surprise en levant la tête ! Une découverte inattendue, presque improbable dans cette végétation des Préalpes du Sud.

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Le synclinal perché de la forêt de Saou est un paradis pour les botanistes et naturalistes. Un écosystème d’une richesse incroyable ! Près de 1000 espèces végétales et plus de 100 oiseaux différents cohabitent dans cet environnement unique. Les espèces forestières sont très variées et ont été enrichies par d’importantes introductions d’essences exotiques au siècle dernier (mais c’est une autre histoire que je ne préfère pas aborder, un sujet polémique d’actualité).
Le hêtre a toute sa place sur ce site et il occupe les versants ombragés et humides d’altitude de 700 à 1200m. En revanche, le marais se trouve à 350m d’altitude. Dans ce milieu humide, les peupliers blancs, les frênes, les aulnes et les érables sont les rois. La présence du hêtre dans ce marais est surprenante, sans être pour autant aussi incroyable que les hêtres de Valbonne.

Les dimensions de vieux hêtre sont impressionnantes pour un arbre forestier et dans cette station inattendue. Elles n’atteignent pas des records, le hêtre du marais est nettement plus maigre que le hêtre corse présenté par Yannick et le Colosse de Rodde auvergnat.
Sa circonférence à 1,3m en avril 2015  est de 5,40m et à 1,5m du sol de 5,25m.
Son port est assez trapu, sa hauteur (mesurée au dendromètre suunto + télémètre) est de 23m.
Son envergure est remarquable, il a fait sa place dans cette clairière et écrasé tous les concurrents potentiels.
Il est difficile d’estimer son âge. Par comparaison avec d’autres vieux Fagus on peut raisonnablement penser qu’il est bicentenaire.
Son état sanitaire est assez moyen mais correspond bien à celui d’un hêtre vénérable. Pour le moment il n’entre pas dans la redoutable catégorie [ Alerte dépérissement ].
J’hésite à indiquer ses coordonnées géographiques, je ne voudrais pas qu’il soit la prochaine victime d’un feu à son pied par des visiteurs inconscients.
Je ne donnerai sa position géographique que sur demande par mail privé (en plus c’est mon coin à morilles, je ne veux pas le révéler à tout le monde, déjà que je n’en ai pas trouvées cette année !).

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La forêt de Saou a un statut un peu particulier. C’est une forêt départementale, propriété du Conseil général de la Drôme. Elle a une forte vocation d’accueil touristique et plusieurs aménagements autours du bureau des « écogardes » permettent aux familles de passer une agréable journée. C’est aussi le point de départ de nombreuses randonnées, dont l’ascension vers le pic des Trois Becs (1589m).

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5 réflexions sur « Le « Hêtre du marais » en forêt de Saou, Drôme »

  1. Finalement heureusement que j’ai rencontré ce gros hêtre car je me lasse très vite lorsque je ne trouve pas de champignons, je ne suis pas patient ! 🙂
    C’est pourtant un bon coin réputé à morilles, mais cette année : Walou walou !!! et depuis le début de l’été, toujours pas trouvé ni cèpes, ni girolles. Trop sec ! Heureusement que j’ai fait quelques belles découvertes arboricoles sinon ce serait la déprime 😉

    Impressionnant ton hêtre pourpre normand Yannick, je ne connaissais pas cet article. Il y en a un qui lui ressemble un peu au parc mistral de Grenoble… mais en moins géant tout de même.

  2. Il y a un potentiel fou au pays basque… douceur du climat avec des coups de chaud, bonne pluviométrie régulière, des sols profonds non calcaires et des coins de nature sauvages et encore préservés.
    Une terre de prédilection pour les arbres remarquables 🙂
    ça fait un bon moment que je n’y suis pas retourné, j’ai des fourmis dans les jambes…

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