Si on ne devait retenir qu’un seul arbre du bassin grenoblois, ce serait sans contexte le Chêne de Venon.
Sa silhouette emblématique domine la cuvette depuis plus de 300 ans.
La ville de Grenoble, à seulement 200m d’altitude, est placée à l’intersection de deux vallées à un carrefour géographique et climatique. Sa position offre des versants et des microclimats variés. Il est fréquent d’y faire des rencontres végétales surprenantes.
Je vous propose d’aller rendre visite à 3 méditerranéens aux sangs chauds bien installés dans la capitale des Alpes.
Le premier est un chêne vert.
Une espèce plutôt symbolique de la Méditerranée mais qui a su s’implanter spontanément sur le versant sud et rocailleux du massif de Chartreuse. On trouve quelques pieds disséminés jusqu’à 500m d’altitude sur le tracé du téléphérique de Bastille. Mais ce qui est plus surprenant, c’est la taille de celui planté dans le Jardin des Plantes de Grenoble.
Un magnifique exemplaire, d’un âge inconnu, d’une circonférence d’1,85m en aout 2014 et une hauteur d’environ 12m. Il a l’air de se plaire tellement dans cette vallée alpine qu’il fructifie (timidement) chaque automne.
Coordonnées géographiques : N 45,18689° E 005,73504° – Altitude 212 m –
Poursuivons la visite vers le Domaine Universitaire de Gières avec un splendide Eucalyptus gunnii.
Tout comme les oliviers et les bananiers, c’est le genre d’espèce exotique qui connait depuis quelques années beaucoup de succès dans les parcs privés et d’agrément. Mais les eucalyptus restent très très rares dans le bassin grenoblois à cause de leur sensibilité au gel. Parmi les 6 ou 700 espèces d’eucalyptus, c’est généralement le gunnii qui est retenu pour sa forme ornementale mais surtout pour sa meilleure résistance au froid. Cette espèce des hauts plateaux tasmaniens peut résister sous nos latitudes à des températures de -12 voire -15°c. Mais la notion de résistance au froid est à relativiser selon plusieurs facteurs : variations brutales des températures, durée du froid, humidité de l’air… et c’est surtout lors des 2-3 premières années que l’eucalyptus sera particulièrement sensible. Au-delà, en cas de coup de gel, le pied rejette facilement.
Un Eucalyptus gunnii de cette taille est vraiment exceptionnel dans une vallée des Alpes du Nord.
Sa circonférence est de 1,39m en mai 2014 et une hauteur de 15m.
Son âge peut être estimé entre 15 et 20 ans.
Je le surveille depuis quelques années et je n’ai jamais remarqué la moindre trace de gel sur son feuillage. En revanche, je ne l’ai jamais vu fleurir.
Coordonnées géographiques : N 45,19575° E 005,77621° – Altitude 211 m –
Mais la rencontre qui me semble la plus surprenante se trouve à quelques centaines de mètres de cet eucalyptus, dans le petit Arboretum Ruffier-Lanche.
L’une des jardinières chargée de l’entretien y a planté un chêne liège. Installé depuis 7 ans comme un défi aux lois de la nature, il a passé vaillamment tous les hivers grenoblois. Mais il faut dire que notre jardinière y prend soin. Elle le libère rapidement à la moindre chute de neige qui risquerait de casser sa tige encore bien frêle. Fin 2014, sa circonférence affichait déjà un joli 60cm et une belle hauteur de 9m (mesurée au dendromètre électronique) !
On peut déjà apprécier une petite formation de liège sur sa tige.
Coordonnées géographiques : N 45,19393° E 005,77808° – Altitude 210 m –
Ils ne se portent pas mal tes jeunes exilés, à croire que le climat leur convient, il fallait peut-être juste oser les planter…
Le réchauffement climatique sera peut-être une aubaine pour eux…
La photo printanière du chêne est réussie, mais je suis étonné que tu n’as pas dégainé ton décamètre et ton dendromètre!
Oui le réchauffement climatique devrait leur être favorable, peut-être que dans 100 ans, le bassin grenoblois sera une zone de production de liège… qui trouvera son débouché avec le vin blanc de Savoie lol !!!
J’avais du mal à y croire, mais il y a déjà quelques plantations de chênes truffiers (en chêne pubescent) sur le versant de Chartreuse entre Grenoble et Chambéry…
La photo de l’intro est celle du Chêne de Venon dominant la cuvette de Grenoble… Of course, je l’ai mesuré sous tous les angles 😉
Intéressant ce chêne liège. Cela m’a donné une idée pour un nouvel article…
On a de beaux suber et ilex par chez nous! Il y a matière à articles…
4 chênes verts ont été plantés à Grenoble en 2013, au débouché de la rue Pascal sur l’avenue Malherbe.
Leur croissance est remarquable et ils forment déjà un beau bosquet. Dommage qu’un d’eux ait été arraché et remplacé par des travaux de réseaux.
Merci pour l’info, je ne manquerai pas de passer observer ces vigoureux jeunes chênes verts. 🙂
Le plus gros chêne vert que je connaisse à Grenoble se trouve dans le parc d’une copropriété (accès possible discrètement…) du quartier des Eaux Claires.
A voir sur la carte des arbres remarquables de Grenoble :
https://www.google.com/maps/d/viewer?hl=fr&mid=1ScFlvEzh1u7Sht5zuOM2S4VMw_HTCyfP&ll=45.16565785988755%2C5.7283261344762195&z=14